Pinocchio
Palme d'or au festival d'Angoulême 2009, Winchluss revisite le conte de Pinnochio à sa manière. Si la trame du récit initial est la même, le scénario est à l'opposer : Gepetto se trouve être un inventeur, qui, au lieu de faire la marionnette que l'on connait, crée un androïde de combats, qu'il compte bien revendre à l'armée. À partir de là rien ne se passe comme prévu, et l'on suit une espèce d'odyssée de Pinnocchio, destructeur candide, presque innocent. On retrouve le grillon, conscience de pinnochio dans l'original, est ici un cafard sdf, alcolo et looser, qui squatte dans le crane du robot. Tout au long du récit, des petites histoires se glissent dans l'histoire ; on ne comprend pas forcement leur lien avec le récit mais chaque petites scénettes prend tout leur sens au fil de la lecture.
Le scénario est bien fait et donne tout liberté pour créer une satire de notre époque, douce amer ; Winchluss trouve toute les excuses pour brosser un portrait peu reluisant de notre société. Plusieurs thèmes sont abordés : pollution, travail des enfants, endoctrinement des esprits, fanatisme... Les aventures de Pinnocchio sont totalement muettes (sans bulle), ce qui ne gêne absolument pas la lecture, et cela reste de la bd ( le film muet reste du cinéma, pour remettre une couche sur l'inépuisable débat qu'il peut y avoir sur ce sujet notamment avec yaneck )
Par contre, je suis beaucoup moins fan du dessin, mais cela n'engage que moi ! Je ne peux pas remettre en cause la qualité du dessin, qui nous rappelle les comics américains des années 50, où Winchluss prend des styles différents pour chaque histoire, et qui montre une certaine maîtrise de la chose mais je trouve le dessin gras et chargé, et ne l'apprécie pas forcement.
En conclusion un album à relire plusieurs fois pour l'apprécier à sa juste valeur, le scénario faisant oublier le dessin !